Ce qu'il faut savoir du Tibet


Qui n'a pas un jour entendu parler du Tibet! Pour les Français, c'est à travers les ouvrages d'Alexandra David-Neel que nous connaissons ce pays. Elle y fut témoin de tant d'expériences paranormales qu'elle dévoua sa vie à la culture tibétaine. Pour les Britanniques, ce fut l'histoire d'une expédition militaire jusqu'à Lhasa, où la plupart des acteurs principaux tombèrent amoureux de ce pays et de ses habitants. Plus récemment sont parus deux ouvrages: "7 ans d'Aventure au Tibet" et "Tibet secret". Il existerait donc sur terre un eldorado, où jadis l'or fut omniprésent si on suit le récit qu'en fit Hérodote, et où maintenant, les Occidentaux, dès lors qu'ils avaient passé quelque temps dans ce pays, faisant fi de leur famille, de leur passé et de leur civilisation, refusaient de regagner l'Europe et désiraient finir leur vie dans cet endroit perdu!
On connaît aujourd'hui la situation de ce pays occupé par la Chine et dont la population est devenue une minorité étrangère dans ses propres frontières. Le Dalaï-lama est chez nous un personnage emblématique, porte parole de la paix.
La Chine, en échange d'une place aux Nations Unis, a dû ouvrir toutes ses frontières y compris celles du Tibet. En pratique, un voyage au Tibet ne s'improvise pas. De multiples laissez-passer sont nécessaires et ne seront délivrés qu'au dernier moment. Des guides touristiques sérieux et bien documentés existent. Celui de Victor Chan peut être considéré comme la bible (près de 1000pages) des lieux sacrés. Celui de Gyurme Dorje est plus général et comporte des cartes à jour. Lire un guide est une excellente préparation au voyage mais ne remplace pas le voyage sur place.
L'objet de ce site est de faire voyager le lecteur, en ajoutant des images aux textes. Ce sera un voyage proche de la réalité pour ceux qui ne peuvent visiter le Tibet pour des raisons familiales ou de santé, et un ensemble de repères pour ceux qui comptent s'y rendre. Cela permettra d'aiguiser la curiosité, et une fois sur place, de découvrir plus en détail les richesses incalculables disséminées dans ce pays.


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On ne saurait partir au Tibet sans avoir acquis un minimum d'informations sur la géographie, l’histoire et la religion qu’on y pratique.
En ce qui concerne la géographie, le Tibet couvre un plateau de terrains sédimentaires surélevés lors de la formation de la chaîne de l'Himalaya. L'altitude moyenne est de 4000m ce qui signifie un pays sans végétation à l'exception de certaines vallées profondes et isolées du Sud-est. Au Nord-ouest, les sols sont sans écoulement à la mer avec de grands lacs, des yaks sauvages et des populations nomades, les drokpas. Ailleurs, les cultures ne sont possibles que sur quelques îlots de limons dans le fond des vallées. Un village ne dépasse guère une dizaine ou une vingtaine d'habitations. Suivant le site, celles-ci sont accolées ou dispersées sur des kms. Sans la domestication du yak et la culture de l'orge qui ne demande que trois mois pour produire, la vie y serait impossible. Par la route de la Chine la plus courte, il y avait jadis 2500km de piste pour atteindre la première cité chinoise et aujourd'hui moitié moins pour atteindre la gare ferroviaire de Golmud au Nord. Depuis 30 ans, les changements climatiques sur la planète ont amené une modification du climat au Tibet. Les sols ne sont plus gelés 8 mois par an, mais 6, ce qui permet la culture des légumes chinois traditionnels et favorise l'implantation des nouveaux immigrants chinois.
S’agissant de l'histoire, vers 630, le père de Srongtsen Gampo réunit sous son autorité les 17 bannières ou provinces qui forment le grand Tibet et les premiers textes tibétains sont rédigés. Ensuite Srongtsen Gampo et ses successeurs deviennent aussi puissants que les Empereurs de Chine. On retrouve sur les tankas (peintures tibétaines) ses 2 femmes, la chinoise et la népalaise, ferventes bouddhistes, représentées en Tara blanche et Tara verte. Au 9ème siècle, les fils du roi Ralpachen se partagent le territoire. La puissance tibétaine s'affaiblit et la Chine récupère ses préfectures perdues 2 siècles plus tôt. Les rois favorisent la propagation des idées bouddhistes et l'arrivée de prédicateurs indiens. Au 17ème siècle, ils sont définitivement chassés pour s'être opposé aux premiers Dalaï-Lamas. L’histoire ultérieure se confond avec celle de ces derniers.
Quant à la religion, elle était initialement l'affaire des chamanes et de leurs pratiques magiques. Le bouddhisme sous sa forme tibétaine n'a jamais réussi à s'en débarrasser complètement. Pour s'implanter, il a dû composer. Quand l'homme s'est installé dans les montagnes du Tibet, il a dérangé les habitants des lieux: des démones des rochers (ou le refuge des mauvaises âmes, de tout ce qui est à l'opposé des principes du bouddhisme). Elles étaient responsables de la plupart des maléfices qui s'abattaient sur le pays. Srongtsen Gampo a utilisé les capacités des chamanes pour déterminer les lieux précis qui permettront de lier les mains de ces démones. On y construira des monastères bouddhistes et on utilisera les rituels chamanistes aussi bien que bouddhistes pour les combattre.
De même que le laboureur de La Fontaine avait caché un trésor dans son champ, les grands prédicateurs indiens cacheront des trésors dans les montagnes les plus reculées du Tibet. Les livres concernant la recherche de ces trésors deviendront des ouvrages à la mode. Une retraite dans une grotte est un exercice incontournable pour accéder à la Sainteté. Le premier grand prédicateur indien Padma Sambavat fera construire de nombreux monastères dont celui de Samyé. Les tibétains le nomment Guru Rinpoché, le maître des rinpochés ou des Saints. Des ouvrages obscurs dont certains sont dénommés prajna-paramitas et concernant de nouveaux modes de pensées qui vont dans le sens d’un éveil « plus rapide » se multiplient. Ainsi de même que chez nous, les personnes à qui on a transmis de prières mystérieuses sont capables de soigner certaines maladies et de cicatriser des brûlures, la récitation de certains textes et certaines pratiques transmises par des gurus doit permettre d’accéder de manière plus rapide à l’état de Bouddha.
Au début du 11ème siècle, le maître indien Atisha vient au Tibet et on va assister à la création de nouvelles écoles monastiques, les noms des saints changent mais l'histoire reste la même. Pour s'imposer, il a fallu utiliser les mêmes méthodes que les chamanes pour les confondre et les reléguer à un rôle marginal. Parmi les écoles, celle des Sakyapas originaire de Sakya sera la première à s'imposer auprès des Empereurs mongols et chinois. Par la suite, d'autres écoles, celles des Karmapas, des Kadampas ou des Kargyupas notamment, vont rechercher les faveurs et les dons des empereurs chinois.
Au 17ème siècle, un maître tibétain, Tsongkapa, est à l'origine d'une ultime réforme. Il veut en finir avec la récitation de formules magiques, les pratiques sexuelles, l'absorption de mixtures ignobles, etc... La nouvelle école sera celle des bonnets jaunes, les précédentes seront celles des bonnets rouges et la plus ancienne s'appellera Bön.
Il va faire édifier les trois grands monastères de Drépung, de Ganden et de Séra aux portes de Lhasa. Ses successeurs montent en puissance et obtiennent un soutien total des Chinois. Les premiers supérieurs de Drépung à Lhasa sont reconnus Dalaï-Lamas par l'Empereur de Chine.
Les Supérieurs des autres Écoles se révoltent en s’alliant au roi du Tibet et à quelques chefs mongols dissidents. La coalition chasse le Dalaï-Lama. Les Mongols rétablissent l’autorité de l’église jaune, déposent le dernier roi et installent à sa place, le Dalaï-Lama au Potala. Ils se succéderont ensuite jusqu'à nos jours.


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En résumé: il faut discerner les quatre grandes périodes religieuses suivantes:
- 2-6ème siècle - Bön (Pratiques shamanistes + quelques notions de Bouddhisme)
- 7-10ème siècle - Nyingmapas (Bouddhisme + tantrisme + quelques pratiques shamanistes)
- 10-15ème siècle - Karmapas, Kargyugpas, Sakyapas, etc... (Bouddhisme incluant des pratiques tantriques)
- 15-20ème siècle - Gelugpas (Bouddhisme avec des pratiques tantriques marginales)


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En 1903/1904, intervient une expédition britannique à Lhasa car les anglais croient que les russes sont sur le point de signer un accord commercial avec les tibétains.
Ensuite les Dalaï-lamas se font oublier et ne participent à aucune organisation internationale. Leur seul lien avec l'étranger est un agent diplomatique anglais à Lhasa et cela leur suffit.
En 1959, Mao envahit le pays.


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Si la lecture des guides est nécessaire pour préparer un voyage, rien ne remplace l’expérience personnelle pour se permettre de se forger des convictions. Nous voyageons pour découvrir par nous-même de nouveaux paysages, de nouveaux peuples et de nouveaux monuments. En ce qui concerne ces derniers, on rencontrera essentiellement au Tibet des stupas, des monastères et d’anciens forts situés sur des éperons rocheux.

1- Les Chortens ou stupas venant à la suite des tumulus archaïques:
- contiennent dans leur base carrée les cendres de Grands Lamas et
- leur forme tourmentée représente symboliquement les 5 éléments: l'eau, la terre, le feu, l'air et le vide.

On trouve les chortens selon le cas:
- isolés, par exemple à l'emplacement où un personnage important est décédé.
- groupés formant un ensemble
- à l'entrée où à la sortie d'un village
- dans l'enceinte d'un monastère
- alignés par groupe de 8 comme le nb des signes de la chance
- ou érigés aux 4 angles à l'intérieur du mur d'enceinte.


2- Les temples ou Gompas se rencontrent aussi bien en ville que sur les flans ou le sommet d'une montagne. Comme pour ceux construits en Europe ils occupent souvent les emplacements où les paysages sont les plus beaux ou les plus propices à la méditation. On reconnaît la présence d'un temple si, au dessus de la façade, se trouve à chaque angle des bannières de la victoire et au centre une roue de la loi entre 2 antilopes (Ceci retrace un fait historique: le Bouddha a fait son premier prêche en présence de deux antilopes!).



Il y a en général:
- 1 ou 2 murs d'enceinte;
- un portail d'entrée;
- une ou deux cours intérieures avec des séries de moulins à prières et un ou plusieurs brûle-parfums (des branches de genévriers);
- un escalier parfois abrupt;
- un vestibule;
- une porte d'entrée entourée par les peintures des Rois Gardiens du Monde appelés aussi "Lokapalas" (2 sur chaque côté);
- un "Hall d'Assemblée" où les moines récitent en chantant des textes sacrés;
- sur les murs latéraux des peintures et parfois une bibliothèque;
- une ou plusieurs chapelles contenant des autels et de grandes statues de Bouddha;
- au premier étage, des chambres pour les hôtes de marque et quelques chapelles de méditation et tantriques.

Les moines entrent jeunes au monastère après un examen d'entrée. Ils se réunissent chaque matin pour lire des textes religieux. En alternance, ils s'accompagnent d'instruments de musique. Les visiteurs ou pèlerins font le tour extérieur et circulent sans pratiquement s'arrêter à l'intérieur du bâtiment où ils viennent alimenter en beurre les lampes à huile, verser des grains d'orge pour la nourriture des moines et déposer des billets sur les autels. La nourriture de base des moines est la tsampa, mélange de farine d'orge, de beurre fondu et de thé chinois. Aucun Occidental n’est capable d’ingurgiter ce mélange sans grimacer.
3- les forteresses anciennes ou Dzong sont toujours au sommet d'éperons rocheux. Elles étaient, pour une partie seulement, en ruines bien avant l'occupation chinoises. Depuis longtemps déjà les préfets de l'ancienne administration logeaient dans de confortables résidences dans les vallées et non sur ces sommets inhospitaliers. Seule celle de Gyantsé a été remise en état.


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La culture tibétaine s’étend sur près du quart du territoire chinois actuel. Le pays est traditionnellement divisé entre provinces de l’Ouest (Ngari), du Centre(Ü et Tsang), du Nord-Est (Amdo) et du Sud-Est (Kham). La densité des sites culturels est très élevée aux alentours de Lhasa. Ce site permet de découvrir les temples les plus importants du Tibet qui ne sont pas présentés par les "Tours Opérateurs".
Compte tenu de la mauvaise qualité des routes, les étapes journalières doivent ëtre comprises entre 150 et 250 km. Il est utile d'emporter avec soi des gaines lombaires. Le mauvais temps, un accident ou une route coupée peuvent contrarier le programme et même l'interrompre.