Route coupée-Bayi


carte jour 6
Résumé=Après quelques heures de suspense et quelques minutes d'angoisse, le passage critique est franchi et nous poursuivons dans un temps pluvieux! Passons le col de Sekyim la, visitons le monastère de Yudrubling G assez isolé et trouvons un hôtel chinois détestable dans la ville artificielle de Bayi.


Nous nous sommes levés très tôt tant la position assise est inconfortable pour dormir. La file de véhicules est toujours là.

Le départ pourrait être donné à 8 heures. Il faut se tenir prêt et ne pas s'éloigner. Un responsable décide que notre véhicule sera le premier à passer. Comme l'eau qui descend de la montagne passe en cascade de l'autre côté de la barrière, nous assistons à un passage continu de tibétains qui viennent, soit faire leurs ablutions, soit prendre de l'eau avec leur théière à la main. Je me prépare un café "cappuccino" accompagné de quelques biscuits achetés à Pomé. Huit heures, neuf heures, rien ne vient.

la maman et son bébé
Le jeune couple vient nous saluer puis nous propose de partir avec l'enfant. Nous leur expliquons qu'il faut des papiers administratifs et l'accord des autorités, ce n'est pas possible. Ils gardent le même sourire, il n'y a pas de problème. Nous ne saurons jamais qu'elle était à ce moment là leur motivation? Peut-être pensaient-il au garçon qu'il pourraient encore avoir sans se mettre en tort vis à vis des autorités? Tout le monde est fébrile, car le passage est dangereux. La vue sur le ravin en contrebas inspire plutôt la crainte. Malgré la distance, on entend le rugissement permanent du bull qui passe et repasse et le bruit métallique de cette masse quand elle sursaute sur les obstacles. Quand ces bruits cessent, l'espoir renaît. Un camion fait un aller et retour sur la nouvelle piste.
L'ordre de passage devient imminent, neuf heures vingt, c'est la libération. Le véhicule qui nous suit attendra que nous ayons franchi l'obstacle pour partir à son tour. Nous roulons prudemment. En effet du gravier continue à descendre sur le côté droit de la route et soudainement alors que nous roulons péniblement dans une des zones les plus dangereuses nous sommes obligés de stopper car deux tibétains dont un moinillon tirent une carriole au milieu du chemin et obstruent le passage. Nous stressons tous et attendons que ces deux kamikazes puissent se ranger sur la droite, une cinquantaine de mètres plus loin, pour nous laisser passer. Nous réussissons à refaire route sur ce champ de petits gravillons sans provoquer d'éboulement dans une pente de près de 20% et après environ 1 kilomètre sur cette piste dangereuse nous apercevons enfin le convoi en face de nous. Un grand ouf de soulagement ! Il y a des portions de pente si raides que l'on se demande comment les camions feront pour passer avec leur charge. Les véhicules qui nous font face sont sur deux voies et nous ne pourrons passer que lorsque la voie est dégagée. Heureusement les choses vont rapidement rentrer dans l'ordre et nous repartons. Quelques kilomètres plus loin une épaisse fumée noire monte du ravin à notre gauche. Olivier y voit un véhicule en feu. Nous ne nous arrêtons pas car nous ne sommes pas seuls sur cette route.

le pont sur le Po tsangpo

A une vingtaine de km du départ, la route de Lhasa qui suit la rive Nord du Po tsangpo depuis Rawok traverse un pont métallique et remonte un nouvel affluent, le Rong chu.
la cavalcade

Les Toyotas partis derrière nous vont nous rattraper dans la descente vers Bayi. Nous allons être dépassés par une meute à nos trousses.
une ville à la chinoise
Nous nous arrêtons à Lunang pour déjeuner, le village a l'allure d'une petite ville chinoise. Le temps est toujours gris, la route est boueuse, en mauvais état et la pluie de la nuit n'a rien arrangé. La vallée s'élargit progressivement et le décor est toujours alpestre. Après le déjeuner nous remontons la vallée sur une route qui a été refaite et l'allure devient plus rapide.

la route du col
Nous grimpons dans le brouillard les lacets le col de Sekyim la qui culmine à 4590 mètres avant de redescendre sur Nyingtri.
le col dans la brume

La visibilité est nulle en haut du col puis la vallée devient plus étroite et le paysage change : la forêt devient clairsemée et va disparaître.
maison en construction mixte

Nous croisons des maisons isolées dont le rez de chaussée est en pierre et l'étage et la toiture en bois avec des lauzes.

l'entée en ville
A Nyingtri, petite ville chinoise, nous nous arrêtons à la recherche des monastères tibétains des environs. Apparemment il n'y a que des chinois et des tibétains étrangers à la région car nous n'obtenons aucune réponse. La montagne, dénommée Bön ri, au Sud de la ville, est une des trois montagnes sacrées du Tibet. Elle fait l'objet d'un pèlerinage qui a été décrit dans le Guide de Victor Chan. Le circuit jusqu'à Menri suit la route alors que la portion Menri-Nyingti se fait à pied par la montagne. C'est pourquoi j'avais envisagé atteindre Menri par la route. Malheureusement le temps est bouché et nous n'avons aucune vue sur la fameuse montagne sacrée. La piste que nous suivons ensuite est épouvantable et nous atteignons péniblement le monastère de Yungdrungling.

la vue extérieure le temple vu de la cour
L'endroit est austère et à la limite de la forêt. A l'intérieur du temple, les moines chantent. Ils nous font visiter les lieux. Apparemment Sigyel Gonchen gompa est inconnu. Il est peut être connu ici sous un autre nom. Vu l'état de la route, comme il nous faudrait plus de quatre heures pour atteindre Menri à 60 kilomètres d'ici, je décide de rebrousser chemin. Le guide ne connaît pas cette région et je suppose que Victor Chan devait être accompagné par un habitué du pèlerinage du Bön ri. Ici nous n'obtenons aucun renseignement constructif de la part des tibétains que nous croisons.

La vallée
Retour donc à Nyingtri où une belle route mène à Bayi en remontant, côté Est, la très large vallée du Nyang chu. Bayi n'était pas prévu au programme. Selon mes plans nous aurions dû passer la nuit au guesthouse de Nyingtri et passer Bayi sans s'arrêter. Nous descendons dans un bel hôtel chinois. Cette ville s'étend sur toute la largeur de la vallée. Il n'y a que des chinois, les avenues sont larges, les immeubles officiels, comme si les décisions administratives imposées à la Province du Tibet partaient d'ici. L'hôtel est en face de la gare routière et près des Bureaux de la Sécurité. Des fonctionnaires vont venir éplucher nos papiers. Bien sûr, ici encore, les étrangers ne sont pas autorisés. De toute façon, nous étions bien obligés de traverser Bayi en venant de Pomé. La raison de ces soucis est que notre chauffeur connaît une fille dans cette ville et souhaite passer la nuit chez elle. Les fonctionnaires sont désagréables, ils nous laissent en paix mais paraissent contrariés. Si l'hôtel est luxueux, tout est sale dans la chambre, mais il y a de l'eau chaude pour le bain. Au dîner, nous découvrons un dessert dénommé "neige et or", le mariage d'un petit pain brioché doré au beurre et de meringue.

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