Résumé=Après quelques heures de suspense et quelques minutes d'angoisse, le passage critique est franchi et nous poursuivons dans un temps pluvieux! Passons le col de Sekyim la, visitons le monastère de Yudrubling G assez isolé et trouvons un hôtel chinois détestable dans la ville artificielle de Bayi.
Nous nous sommes levés très tôt tant la position assise est inconfortable pour dormir. La file de véhicules est toujours là.
Le départ pourrait être donné à 8 heures. Il faut se tenir prêt et ne pas s'éloigner. Un responsable décide que notre véhicule sera le premier à passer. Comme l'eau qui descend de la montagne passe en cascade de l'autre côté de la barrière, nous assistons à un passage continu de tibétains qui viennent, soit faire leurs ablutions, soit prendre de l'eau avec leur théière à la main. Je me prépare un café "cappuccino" accompagné de quelques biscuits achetés à Pomé. Huit heures, neuf heures, rien ne vient.
Le jeune couple vient nous saluer puis nous propose de partir avec l'enfant. Nous leur expliquons qu'il faut des papiers administratifs et l'accord des autorités, ce n'est pas possible. Ils gardent le même sourire, il n'y a pas de problème. Nous ne saurons jamais qu'elle était à ce moment là leur motivation? Peut-être pensaient-il au garçon qu'il pourraient encore avoir sans se mettre en tort vis à vis des autorités?
Tout le monde est fébrile, car le passage est dangereux. La vue sur le ravin en contrebas inspire plutôt la crainte. Malgré la distance, on entend le rugissement permanent du bull qui passe et repasse et le bruit métallique de cette masse quand elle sursaute sur les obstacles. Quand ces bruits cessent, l'espoir renaît. Un camion fait un aller et retour sur la nouvelle piste.
L'ordre de passage devient imminent, neuf heures vingt, c'est la libération. Le véhicule qui nous suit attendra que nous ayons franchi l'obstacle pour partir à son tour. Nous roulons prudemment. En effet du gravier continue à descendre sur le côté droit de la route et soudainement alors que nous roulons péniblement dans une des zones les plus dangereuses nous sommes obligés de stopper car deux tibétains dont un moinillon tirent une carriole au milieu du chemin et obstruent le passage. Nous stressons tous et attendons que ces deux kamikazes puissent se ranger sur la droite, une cinquantaine de mètres plus loin, pour nous laisser passer. Nous réussissons à refaire route sur ce champ de petits gravillons sans provoquer d'éboulement dans une pente de près de 20% et après environ 1 kilomètre sur cette piste dangereuse nous apercevons enfin le convoi en face de nous. Un grand ouf de soulagement ! Il y a des portions de pente si raides que l'on se demande comment les camions feront pour passer avec leur charge.
Les véhicules qui nous font face sont sur deux voies et nous ne pourrons passer que lorsque la voie est dégagée. Heureusement les choses vont rapidement rentrer dans l'ordre et nous repartons. Quelques kilomètres plus loin une épaisse fumée noire monte du ravin à notre gauche. Olivier y voit un véhicule en feu. Nous ne nous arrêtons pas car nous ne sommes pas seuls sur cette route.
A une vingtaine de km du départ, la route de Lhasa qui suit la rive Nord du Po tsangpo depuis Rawok traverse un pont métallique et remonte un nouvel affluent, le Rong chu.
Les Toyotas partis derrière nous vont nous rattraper dans la descente vers Bayi. Nous allons être dépassés par une meute à nos trousses.
Nous nous arrêtons à Lunang pour déjeuner, le village a l'allure d'une petite ville chinoise. Le temps est toujours gris, la route est boueuse, en mauvais état et la pluie de la nuit n'a rien arrangé. La vallée s'élargit progressivement et le décor est toujours alpestre. Après le déjeuner nous remontons la vallée sur une route qui a été refaite et l'allure devient plus rapide.
Nous grimpons dans le brouillard les lacets le col de Sekyim la qui culmine à 4590 mètres avant de redescendre sur Nyingtri.
La visibilité est nulle en haut du col puis la vallée devient plus étroite et le paysage change : la forêt devient clairsemée et va disparaître.
Nous croisons des maisons isolées dont le rez de chaussée est en pierre et l'étage et la toiture en bois avec des lauzes.
A Nyingtri, petite ville chinoise, nous nous arrêtons à la recherche des monastères tibétains des environs. Apparemment il n'y a que des chinois et des tibétains étrangers à la région car nous n'obtenons aucune réponse. La montagne, dénommée Bön ri, au Sud de la ville, est une des trois montagnes sacrées du Tibet. Elle fait l'objet d'un pèlerinage qui a été décrit dans le Guide de Victor Chan. Le circuit jusqu'à Menri suit la route alors que la portion Menri-Nyingti se fait à pied par la montagne. C'est pourquoi j'avais envisagé atteindre Menri par la route. Malheureusement le temps est bouché et nous n'avons aucune vue sur la fameuse montagne sacrée. La piste que nous suivons ensuite est épouvantable et nous atteignons péniblement le monastère de Yungdrungling.
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