Tsetang-Samye-Dranang

carte jour 11
Résumé=Quittons Tsetang et remontons la rive sud du Brahmapoutre. Une barge va nous permettre d'atteindre la rive nord d'où nous allons accèder à Samye G. De retour sur la rive sud nous remontons un peu plus loin dans une vallée latérale jusqu'au monastère de Mindroling. Puis un peu plus loin encore nous trouverons le gite au monastère de Dranang.


Nous quittons Tsetang vers 9h00 après avoir pris le petit déjeuner dans notre chambre. La route est si belle que nous manquons Chasa lhakhang. Quand je me rends compte de mon erreur nous avons parcouru plus de 15 kilomètres. A 4/5 kilomètres de Tsetang, Chasa était absorbé par les dernières maisons à l'Ouest de la ville.



Nous poursuivons notre route en remontant le Brahmapoutre et après avoir laissé une crête qui s'avance jusqu'au fleuve nous arrivons au niveau de la berge où est amarré le bateau à fond plat qui conduit sur l'autre rive en vue d'accéder à Samye et aux vallées en face.


Cet endroit est à 200m en contrebas de la grand route et ne peut être manqué.


Il y a un parking pour les véhicules. Un enclos entoure quelques maisons qui servent des boissons et préparent des repas aux chauffeurs qui attendent le retour des pèlerins. La barge est presque pleine et prête à partir lorsque nous arrivons. Il nous faut 1h45 pour atteindre l'autre rive. Le fleuve est divisé à cet endroit en huit à dix bras peu profonds et nous progressons en faisant de grandes boucles pour éviter les hauts fonds.


De l'autre côté tout un échantillonnage de véhicules nous attend. Nous prenons un minibus qui passe le village de Zukhar puis nous passons sous une série de chortens taillés dans le roc. Entre la route et le Brahmapoutre: des collines de sables. A l'entrée de la vallée de Samye nous laissons une colline de sable à notre droite et nous dirigeons vers le monastère de Samye dont les toits en or sont visibles de loin. Le village est plus à l'intérieur de la vallée et une enceinte entoure le monastère.


Nous pénétrons par une porte Nord et le véhicule s'arrête en face d'une série de bâtiments comprenant un restaurant et un guesthouse.

Nous décidons de déjeuner avant de commencer la visite. Notre guide retrouve au restaurant un de ses anciens camarades de quartier dont il avait perdu la trace. Celui-ci a eu un grave accident et est handicapé. Nous avions demandé des mo-mos qui mirent plus d'une heure pour être servis, si bien que nous avons eu le temps de faire connaissance avec toutes les tables, ce qui eut pour conséquence de nous agacer un peu.



Le bâtiment principal construit en prenant pour modèle un monastère indien au 8ème siècle est exceptionnel.

Une fois franchi le vestibule, nous découvrons une galerie carrée intérieure bordée de moulins à prière qu'il serait malvenu de ne pas emprunter.

Outre la grande salle principale, ce temple recèle sur quatre niveaux de nombreuses chapelles et des centaines de mètres de galeries entièrement peintes de scènes religieuses de grande qualité. Combien nous regrettons alors notre manque de culture!


Selon notre guide qui fut jadis moine, il y a pour chacun des milliers de personnages de ces fresques toute une histoire mythique chargée de symboles qu'il n'a aucune peine à nous narrer.

Le temple principal est entouré par 4 grands chortens de près de 30 ou 40 mètres de haut, de couleurs différentes et situés aux quatre points cardinaux.

Nous visitons également quelques temples qui ont été reconstruits au Sud du temple principal. Compte tenu des espaces vides qui les séparent, on peut imaginer l'ampleur des destructions menées par les gardes rouges. Il y a une colline de près de 300m de haut à l'Est du monastère. A son sommet une chapelle a été reconstruite.


Comme il faut la gravir à pied je renonce à faire cet exercice de peur de nous retarder. Nous revenons nous asseoir près du restaurant dans l'attente du minibus qui nous ramène à la barge.


La vue du temple dont la façade est si majestueuse et dont les toits multiples couverts de feuilles d'or nous renvoient les rayons du soleil est un spectacle vraiment magnifique que nous ne pourrons jamais oublier. La construction est antérieure à Charlemagne et a résisté au temps malgré les matériaux utilisés. Je reste fasciné et le temps s'arrête...


Le retour et la traversée du Brahmapoutre sont aussi longs que l'aller. Nous retrouvons notre chauffeur et reprenons la route de Lhasa qui remonte la rive Sud du Brahmapoutre. Nous allons continuer jusqu'à la première vallée que nous rencontrons et la remonter jusqu'au monastère de Mindroling. Le village est à 200m à gauche de la route qui remonte la vallée et le monastère 100m à droite.


Nous laissons la voiture et remontons un petit chemin entouré de murets. A son extrémité, à droite, il y a un petit temple contenant une grande roue à prières et derrière un très grand chorten blanc de plus de 20 m de haut entouré de 7 autres stupas aux coins cardinaux. Ce chorten est un point remarquable dans la vallée et se discerne de loin.

Il dissimule une grande statue de Cakyamouni.

En sortant nous remontons un peu le chemin avant d'arriver au monastère. Il faut contourner un mur d'enceinte car le portail d'entrer fait face au Sud.


Une grande cour donne sur 5 temples. Mais certains sont fermés.


Dans le Tsulhakhang, des moines récitent des sutras.


Nous visitons également les chapelles supérieures qui contiennent des reliques. Ici encore beaucoup de tibétains, je ne sais de quelle vallée ils viennent mais ils sont entièrement habillés à l'ancienne et ont la figure burinée de paysans arrivant de vallées isolées. Ils ressemblent aux nomades des plaines du Nord-Ouest. Ces gens semblent encore différents de ceux que nous avons vus précédemment, ils ne nous regardent pas, ils se contentent de déposer des offrandes, de ranimer les lampes avec de grandes cuillerées de beurre.
A un moment, en suivant la file de pélerins, je dus m'arrêter car j'avais épuisé toute ma monnaie et je recherchais désespérément un autre petit billet pour le déposer à l'autel suivant. Alors la vieille tibétaine habillée de haillons qui me suivait a vu mon désarroi et m'a tendu une partie de sa liasse de billets en insistant pour que je les dépose moi-même. Je n'oublierai pas son regard qui malgré l'âge, était si lumineux et insistant. Comment pourrai-je imaginer toutes les souffrances qu'elle avait endurées et les épreuves qu'elle avait surmontées. Ces gens n'ont d'autre but dans la vie que d'améliorer leur âme en acceptant la vie comme elle est, sans jamais oser se plaindre, en partageant leurs biens avec les autres et en visitant des monastères pour prendre exemple sur les saints qui les ont précédés. Non seulement ils nous paraissent comme des représentants d'un temps passé par leur habillement mais nous ressentons aussi dans l'expression de leur foi comme une humiliation. Nous pensons alors très fort que nous ne verrons plus le monde de la même façon, que nous ne nous conduirons plus comme par le passé, et nous prenons toutes sortes de résolutions. Mais le pourrons-nous?
En sortant je croise un moine qui parle un peu d'anglais. Nous faisons un inventaire des villages de la vallée.
Nous reprenons la route, redescendons cette vallée de Drachi. Il n'y a pas de village en bas de la vallée. La vallée suivante conduit à Dranang. Nous traversons d'abord la ville chinoise puis la ville tibétaine. A son extrémité sud, une rue à droite mène face au monastère de Dranang.


Contrairement aux autres monastères celui-ci n'a pas de cour. L'entrée du temple est en pleine rue du village. Pendant sa visite, quand je dis aux moines que je suis français et ami de Mme Karme qui, dix ans plutôt, passait chaque été ici pour rénover le temple avec l'argent recueilli par son association "Shalu", mais je n'obtiens aucune réaction. Ici aucune référence ou lettre de recommandation ne reçoit le moindre écho. En effet les Tibétains sont devenus extrêmement méfiants depuis la présence des chinois et ne commencerons à faire confiance qu'un certain temps après avoir fait notre connaissance. Nous insistons pour coucher dans l'enceinte du monastère. Les moines habitent dans une des maisons de la ruelle qui fait face à l'entrée du monastère. Après une longue discussion, nous sommes autorisés à passer la nuit sous réserve de ne pas quitter notre chambre.


On nous propose dans une pièce située à l'étage près de plusieurs chapelles de méditation. A l'intérieur, il y a deux rangées de coffres bas en forme de lits et recouverts de tapis tibétains ainsi que quelques tables de même hauteur. De la fenêtre, nous avons la vue sur la rue qui mène au monastère. Nous dînons, allongés sur nos futurs lits, comme le faisaient les romains dans l'antiquité autour de quelques nourritures que notre guide est allé chercher dans les boutiques des alentours et que nous avons disposées sur les tables que nous avons poussées devant nous. J'aurai ainsi le temps de mettre de l'ordre dans mes notes.

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